Dans le cadre du Plan de relance économique de la France, l’ADEME dispose d’une enveloppe exceptionnelle, à dépenser avant fin 2022, pour aider les collectivités et les entreprises à développer le tri à la source des biodéchets.
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Les biodéchets représentent encore un tiers des poubelles d’ordures ménagères résiduelles (OMR). Pourtant, ils ont de la valeur. Au lieu d’être mis en décharge ou incinérés, les déchets verts peuvent être apportés en déchetterie ou directement utilisés dans le jardin. Quant aux déchets alimentaires, ils pourraient être compostés ou méthanisés en vue d’un retour au sol, tandis que le biogaz issu de leur traitement peut se substituer à des énergies fossiles. Le gâchis est tel que l’État a décidé d’agir. Après avoir fait voter une loi qui impose le tri à la source des biodéchets à partir du 31 décembre 2023, il a confié 100 millions d’euros de son plan de relance à l’Ademe pour qu’elle soutienne les collectivités et les entreprises qui s’organisent pour respecter l’obligation à la date prévue. « Grâce à cela, nous pouvons soutenir davantage d’acteurs en 2021 et 2022, avec des projets plus ambitieux, souligne Alexandra Gentric, coordinatrice au service Valorisation des déchets de l’ADEME. Nous ne savons pas encore quelle sera notre enveloppe en 2023. »
Des freins économiques, sociologiques et sanitaires
Aujourd’hui, le tri à la source des biodéchets relève surtout de démarches volontaires. Même si le compostage s’est développé, 34 % seulement des Français disent traiter ainsi leurs restes alimentaires, selon une enquête réalisée en 2020 par OpinionWay pour l’ADEME. Les citadins n’ont pas forcément la place pour installer cette pratique chez eux, et ils n’ont pas toujours accès à un site de compostage partagé. Quant à la collecte séparée, elle est loin d’être généralisée. Par ailleurs, il y a un vrai changement culturel à opérer pour faire accepter de nouveaux gestes aux habitants. Nombre de collectivités y travaillent déjà, parfois accompagnées par des entreprises ou associations œuvrant pour le développement du tri à la source, comme les réseaux Compost Citoyen ou Compost Plus.
Un gros investissement au départ
Mais le principal frein exprimé par les collectivités est économique. « Beaucoup voient la collecte séparée des biodéchets comme un service supplémentaire, indique Cyprien Donnet, spécialiste du sujet à l’ADEME. Certes, il y a un gros investissement au départ, pour équiper les usagers et le service de collecte, voire doter le territoire d’unités de traitement. Mais, une fois que le tri à la source est installé, les coûts de gestion peuvent être maîtrisés par une réflexion globale sur les services de collectes de tous les déchets dont ceux de nos poubelles grises. » Exemple à Thann-Cernay : cette communauté de communes du Haut-Rhin collecte les biodéchets de façon séparée depuis 2010. Comme cela a contribué à alléger la poubelle grise de 60 kg par habitant et par an, l’une des tournées de ramassage des OMR a pu être supprimée et remplacée par celle des biodéchets. La transition a été rapide car la collectivité a instauré, dans le même temps, une redevance incitative. Un combo efficace. Mais cela ne signifie pas qu’il donnera les mêmes résultats s’il était transposé ailleurs à l’identique. « C’est pourquoi nous encourageons les collectivités à prendre le temps de réaliser un état des lieux avant de se lancer, pour identifier les freins susceptibles de compromettre le projet, repérer les leviers sur lesquels s’appuyer et définir les solutions les plus adaptées à leur territoire », ajoute Cyprien Donnet. « Il faut aussi prendre le temps de consulter tous les acteurs concernés, afin de comprendre leurs difficultés et de réfléchir avec eux à des solutions cohérentes et acceptables, donc durables », ajoute Fabienne Muller, chargée des questions de valorisation des matières organiques à l’ADEME.
Les aides de l’ADEME
L’aide financière de l’ADEME peut commencer dès cette phase d’étude et d’aide à la décision. Elle peut ensuite contribuer aux expérimentations puis à la mise en œuvre du projet, notamment à travers la subvention d’équipements, et soutenir l’organisation de campagnes ou d’animations visant à sensibiliser ou à former les habitants. Par ailleurs, pour un accompagnement plus efficace, qui bénéficie autant à l’environnement qu’au développement économique des territoires, certaines directions régionales de l’ADEME s’associent aux conseils régionaux, dans le cadre d’appel à projets communs. C’est le cas en Bourgogne-Franche-Comté : « Notre guichet commun permet, par exemple, d’accompagner le Grand Dijon dans la phase d’étude ou le Pays de Montbéliard Agglomération dans le déploiement de la collecte séparée des biodéchets, pour favoriser le développement de nouvelles filières de collecte et de traitement à l’échelle régionale », explique Prisca Van Paassen, ingénieure -Déchets et économie circulaire à l’ADEME Bourgogne-Franche-Comté. Une expertise technique est également apportée, comme pour tous les projets subventionnés par l’Agence.
des ordures ménagères résiduelles pourraient faire l’objet d’une valorisation organique. (Source : Modecom 2017)
de déchets auraient pu être valorisés organiquement en 2017. 68 783 t ont été collectés séparément (Source : enquête Modecom 2017)
avaient mis en place ou étaient en train d’organiser une collecte séparée des biodéchets en 2019. Soit seulement 6% de la population. (Source : enquête sur le tri à la source des biodéchets en France, ADEME 2021, publication à venir)
Des coûts de fonctionnement maîtrisables
Le poids des ordures ménagères résiduelles (OMR) étant allégé par un meilleur tri, l’une des tournées de ramassage de ces déchets peut être substituée par la collecte des biodéchets. La réduction des tonnages OMR réduit le coût de leur traitement et amortit la hausse de la taxe générale sur les activités polluantes (TGAP). À cela peuvent s’ajouter les recettes issues de la vente du compost obtenu, ainsi que la création de valeurs et d’emplois locaux liés au développement de nouvelles activités autour des biodéchets.
Des webinaires gratuits pour se lancer !
Pour accompagner au mieux les collectivités, l’ADEME organise un cycle de webinaires très complet sur la gestion des biodéchets. Ces rendez-vous, gratuits, ont lieu entre 2021 et 2022, avec possibilité de visionnage en différé.
Plus d’informations sur https://www.admeet-biodechets.ademe.fr/